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UN PROJET DE RECHERCHE OPÉRATIONNELLE SUR « LES BARRIERES SOCIOCULTURELLES A LA VACCINATION DANS LES ZONES RURALES/RECULEES DU CAMEROUN ».

Dans le cadre de la recherche opérationnelle, IRESCO et le PEV pour le compte de GAVI ont conduit une étude dans les régions de l’Est, Adamaoua, Nord, Extrême-Nord, Sud-Ouest et Nord-Ouest, sur « les barrières socioculturelles à la vaccination dans les zones rurales/reculées du Cameroun ». Selon la littérature, la faible couverture vaccinale est corrélée à des facteurs exogènes, endogènes, sociodémographiques, socioéconomiques, humains et socioculturels. Le but de cette étude est d’identifier les déterminants de la faible couverture vaccinale dans les zones rurales / reculées des six régions du Cameroun dans lesquelles l’initiative zéro a été lancée. L’étude a ciblée les femmes ; les hommes ; le personnel de santé ; les Agents de Santé Communautaire ; les Leaders traditionnels ; les Leaders religieux ; les Leaders associatifs. La collecte des données s’est faite entre 6-12 jours dépendamment des régions. Les techniques utilisées pour cette collecte ont été les entretiens individuels approfondis, les groupes de discussion focaux et la revue documentaire.

L’analyse des données s’est faite avec le logiciel MaxQDA. Les résultats de cette étude ont permis d’identifier un certain nombre de déterminants à la couverture vaccinale qui jouent le rôle de barrières : les facteurs sociodémographiques tels que le lieu de résidence, le niveau d’éducation de la famille et en particulier de la mère, ; les déterminants socioéconomiques tels que le revenu des familles et de la mère, ; les déterminants liés aux connaissances attitudes et pratiques (CAP), tels que le faible niveau d’information, les mauvaises pratiques à l’égard des vaccins, la mauvaise interprétation des antécédents de MAPI (Manifestations Adverses Post-Immunisation) graves qui favorisent l’abandon ou l’hésitation vaccinale ; les déterminants liés au système de santé, liés à la fois à son organisation (gestion GAS, accessibilité géographique et financière) et à son fonctionnement (comportements inadéquats des prestataires, faiblesse des stratégies avancées, etc.).

L’itinéraire thérapeutique des répondants des sites ruraux observés montre une préférence à l’automédication. Le recours à la médecine moderne se fait souvent lorsque la menace à la santé est perçue comme potentiellement sévère et que la médecine moderne apparaît comme plus efficace. Même dans ces cas, ces recours sont associés à la médecine traditionnelle, traduisant des croyances plus importantes dans l’efficacité des traitements ancestraux. On observe une faiblesse de la communication de proximité orientée vers les populations rurales des zones zéro dose, ainsi qu’une approche contextuelle et adaptée de sensibilisation communautaire sur les vaccins. La faiblesse de la communication observée, est dû au fait que les programmes existant au niveau national, semblent procéder d’une absence de ciblage de ces populations. Ce qui se traduit par des connaissances approximatives et erronées sur les vaccins. Les croyances traditionnelles à l’égard des vaccins sont généralement favorables à la vaccination dans les sites cibles. Il existe cependant dans l’inconscient culturel des populations, des mécanismes défensifs qui transparaissent dans le langage, et contraignent la couverture vaccinale.

Outre ces éléments psychotiques qui transparaissent dans le langage, on note l’influence des croyances traditionnelles sur la santé et la maladie. En effet, les croyances que certaines pathologies sont jetées par un mauvais sort, constituent des barrières importantes à la demande des vaccins, puisque les communautés croient qu’étant d’origine mystique, elles ne peuvent être prévenues par des vaccins. L’influence sociale apparaît comme un facteur important de contrainte à la vaccination dans les zones rurales réputées zéro dose. Cette influence sociale s’exerce au travers des croyances religieuses, de l’autorité des conjoints et des leaders sociaux. Le désir de réaliser le sentiment d’appartenance et la pression à se conformer poussent même ceux qui sont favorables aux vaccins à renoncer à en faire la demande et renforcent les résistances de ceux qui étaient déjà hostiles aux vaccins. Enfin, les effets positifs des vaccins dans les familles, observés notamment au cours des flambées épidémiques, renforcent la confiance dans les vaccins, ainsi que l’adhésion des bénéficiaires, qui sont désormais de la faveur des vaccins.