Dans le domaine du suivi-évaluation, IRESCO a procédé à une étude de suivi de la pratique du repassage des seins au Cameroun pour le compte de la GIZ. Cette étude est intervenue dans un contexte où la pratique du modelage des seins au Cameroun avait été vertement décriée grâce à l’action de différentes ONG et associations, dont le Réseau National des Associations de Tantines (RENATA), qui avait alors interpellé la GIZ sur cette pratique qui consiste à se servir d’objets chauffés pour masser les seins des filles et femmes en vue de les faire disparaître. Suite à cette dénonciation, la GIZ avait réalisé 2005 une enquête approfondie d’envergure nationale, en vue d’établir la prévalence du problème. A l’issue de cette étude dont les résultats étaient plus que préoccupants, la GIZ avait apporté un appui financier au RENATA pour la réalisation, depuis 2006, d’une grande campagne de sensibilisation du public sur les méfaits d’une telle pratique. A la suite de cette campagne, la GIZ a donc envisagé de mesurer le niveau atteint par les indicateurs, en vue de déterminer la prévalence du phénomène. C’est ainsi que IRESCO a été sollicité par la GIZ pour réaliser cette étude de suivi en 2013.
Cette étude poursuivait les objectifs spécifiques suivants : (1) déterminer la prévalence actuelle du phénomène, à la suite de la campagne de prévention réalisée depuis 2006 ; (2) déterminer le niveau de réalisation atteint par les indicateurs de résultats après la campagne de prévention menée depuis 2006 au Cameroun par le RENATA et la GIZ ; (3) évaluer le degré d’exposition du public à la campagne de proximité menée par les Tantines (pseudonyme attribués aux jeunes filles-mères) mais également à travers les médias (radios, télé, presse écrite, cybernétique) ; (4) déterminer les causes de la persistance du phénomène de repassage des seins au Cameroun ; (5) proposer des options concrètes pour une amélioration des interventions visant à assurer l’intégrité corporelle des jeunes filles camerounaises et le droit de jouir pleinement de leur corps.
Elle a ciblé la population des filles et femmes âgées de 10 à 82 ans des dix (10) régions du Cameroun. C’est ainsi qu’un total de 5984 interviews par questionnaire ont été réalisées. Cette étude a permis de mettre en évidence les résultats ci-après :
a) Nonobstant les actions menées pour combattre les violences faites aux femmes, les pratiques de violence comme le « repassage des seins » persistent au Cameroun, malgré une forte baisse comparativement à 2005 (1,3% vs 6,3% pour la scarification ; 11,8% vs 23,8% pour le massage) ;
b) La campagne RENATA/GIZ a couvert 28,2% des répondantes contre 8,1% aux autres initiatives de communication sur le repassage des seins, soit un tiers des personnes touchées par les messages sur la pratique ;
c) Dans l’ensemble, un dixième (10%) des répondantes sont disposées à masser les seins de leurs filles à l’avenir, afin d’empêcher qu’ils ne poussent vite. Les plus nombreuses sont Celles qui ont un niveau d’instruction du primaire au plus, vivant en milieu rural et de religion musulmane.
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