Au cours de l’année 2023, IRESCO en collaboration avec le PEV et GAVI ont conduit une étude socio-anthropologique sur les barrières socioculturelles à la vaccination dans les zones rurales/reculées du Cameroun. Cette étude avait pour objectif de mettre en évidence les barrières socioculturelles à la vaccination dans les zones rurales/reculées, avec un accent particulier sur les considérations de genre. Ladite étude s’est déroulée dans les régions de l’Est, Adamaoua, Nord, Extrême-Nord, Sud-Ouest et Nord-Ouest. Elle visait précisément à identifier les déterminants de la faible couverture vaccinale dans les zones rurales / reculées des six régions du Cameroun dans lesquelles l’initiative zéro dose a été lancée. Elle a ciblé les femmes, les hommes, le personnel de santé, les Agents de Santé Communautaire, les Leaders traditionnels, les Leaders religieux, les Leaders associatifs. La collecte des données s’est faite en Août 2023 par 12 enquêteurs et 4 superviseurs.

A l’issu des entretiens individuels et focus groupe de discussion ainsi que la revue de la littérature, il est ressorti quelques déterminants socioculturels de la faible couverture vaccinale.

Parmi ces déterminants dont les détails se trouvent dans le rapport de l’étude, il est important de souligner la croyance à la sorcellerie et au fait que certaines pathologies sont jetées par un mauvais sort, qui constitue des barrières importantes à la demande des vaccins, parce que les communautés croient qu’étant d’origine mystique, elles ne peuvent être prévenues par de la vaccination. D’autres raisons ont été évoquées pour expliquer l’abstention aux services de vaccination dans les localités rurales. Il s’agit de l’influence sociale qui s’exerce au travers des croyances religieuses, de l’autorité des conjoints et des leaders sociaux. Le sentiment d’appartenance et la pression à se conformer à la norme établie découragent ceux qui avaient une attitude positive à l’égard de la vaccination et renforcent les résistances de ceux qui étaient déjà hostiles aux vaccins. A cela s’ajoute l’ignorance au sujet de la vaccination qui amène certaines personnes à réduire la notion de vaccination à la simple administration des gouttes contre la polio, tandis que d’autres voient en la vaccination une opportunité pour infecter leurs enfants, plutôt que pour la santé de leurs enfants.

En ce qui concerne la perception de l’efficacité, de l’innocuité et de l’utilité des vaccins, l’idée que le vaccin est un moyen efficace de protection des enfants contre les risques de maladies notamment la rougeole, la rubéole, la poliomyélite et le tétanos néonatal, est la plus manifeste chez les enquêtés.