L’enquête quantitative de suivi de la « pratique du repassage des seins » au Cameroun a été commanditée par la GIZ et réalisée par IRESCO entre Juillet et Août 2013. Elle poursuivait les objectifs spécifiques suivants : (1) déterminer la prévalence actuelle du phénomène, à la suite de la campagne de prévention réalisée depuis 2006 ; (2) déterminer le niveau de réalisation atteint par les indicateurs de résultats après la campagne de prévention menée depuis 2006 au Cameroun par le RENATA et la GIZ ; (3) évaluer le degré d’exposition du public à la campagne de proximité menée par les Tantines et aussi à travers les médias (radios, télé, presse écrite, cybernétique) ; (4) déterminer les causes de la persistance du phénomène de repassage des seins au Cameroun ; (5) proposer des options concrètes pour une amélioration des interventions visant à assurer l’intégrité corporelle des jeunes filles camerounaises et le droit de jouir pleinement de leur corps. Elle ciblait la population des filles et femmes âgées de 10 à 82 ans (n=5984), des 10 régions du Cameroun.
Il ressort que le « repassage des seins » persiste au Cameroun, malgré une forte baisse comparativement à 2005 (1,3% vs 6,3% pour la scarification ; 11,8% vs 23,8% pour le massage ; 44% vs 22% pour le bandage, parmi celles qui ont subis le repassage des seins). Dans les 3 cas, la différence entre les années d’étude est statistiquement très significative (scarification : X2=201.5 et p=0.000 ; massage : X2=282.61 et p=0.000 ; bandage : X2=92,004 et P=0,0000). Le risque d’avoir les seins massé est plus de deux fois plus élevé pour les filles dont les seins poussent avant l’âge de 9 ans que celles qui les ont après cet âge (30,2% vs 18% au plus). On constate plutôt que les pics de poussées des seins et de repassage se situent entre 11 et 14 ans et que la tendance de la proportion du repassage est colinéaire avec la tendance de la poussée des seins. Les principaux auteurs de ces pratiques sont les « mamans » (scarification : 69% et 26,1% [2013 vs 2005] ; massage : 56% et 58% [2013 et 2005]). La spatule/bambou/balai (28% des cas) et la pierre chauffée (26% des cas) sont les objets les plus utilisés pour masser les seins. Dans plusieurs cas les personnes massées se sont plaintes de troubles de santé consécutifs (douleurs aux seins 32% ; kystes/Abcès des seins 17%, lourdeur des seins 13%…)
Le pourcentage des répondantes qui déclarent avoir participé au repassage des seins d’une autre fille a significativement diminué entre les deux études en passant de 8% en 2005 à 4% en 2013 (X2=65.44 ; P=0.000). Toutefois, on note une augmentation dans les régions du Nord (2% à 6%) et de l’Est (5% à 7%). La pratique du massage des seins est encore présente dans les communautés pour 41,8% des répondantes. Un dixième de répondantes (10%) sont disposées à masser les seins de leur fille afin de les empêcher de pousser vite. Cette disposition est plus fréquente chez les résidentes de la région du Nord (19%).
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